1521

Allez zou, 'tite leçon d'histoire, de géo, de déco, de Noël.... histoire justement de profiter de l'Avant, du latin adventus, ce qui va advenir, arriver ! Tient, t'as même du latin pour pas un rond, je ne suis pas gentille là ???

Adonque, j'en reviens à 1521 ! Quelqu'un sait ce que représente cette date présentement en Alsace Centrale ? Oui, non ?

C'est tout simplement l'année de la première mention "écrite" du "sapin de Noël" à Sélestat, dans un registre de compte conservé à la bibliothèque humaniste : "Item IIII Schilligs den förstern die meyen an Sanct Thomas Tag zu hieten" ! C'est à dire en français contemporain, payer 4 schillings aux gardes forestiers pour surveiller les "Mais" (arbres) dans les forêts municipales.

Le Maye, ou Maibaum, est une tradition locale à multiple facette : Les conscrits de ta classe t'en plantait un devant ta porte pour ton mariage

Mais on en plante aussi pour faire la fête autour

Une tradition venue du fond des âges

Et tout comme le concile de Nicée (325) a arbitrairement mis la naissance du Christ un 25 décembre, l'arbre de Noël a peu ou prou poussé dans les églises avant de se répandre dans les maison, en remplacement des rameaux frais, sur le terreau fertile des rites ancestraux, d'abord en Alsace, puis dans le reste de la France.

Au début, suspendu au plafond, leur décoration est avant tout symbolique : pommes représentant le péché originel, hosties (oublies) non consacrées symbolisant la rédemption apportée par le sacrifice de Jésus

Avec le protestantisme, la décoration de l'arbre se pare en prime de fleurs "artificielles" (souvent en papier, voir en tissus) multicolores, allusion à un verset d'Isaïe où il est question du "rameau fleuri de Jessé. Là encore une symbolique de la filiation avec le Rédempteur.

En même temps que l'inquisition porte au pinacle la chasse au sorcières, la décoration de l'arbre de Noël s'éloigne de la symbolique chrétienne : En plus des suspensions en "Zischgold", aussi appelées Flitterplättchen (paillettes) (ce sont de fines plaques de métal dorées ou argentées travaillées en feuilles dans lesquelles ont "taille" des décorations pour apporter plus de lumière et de brillant au sapin), on remplace les oublies par des friandises, noix, bredele, bretzels, sprigerle, pain d'épice...

On a définitivement abandonnée la symbolique chrétienne pour arriver à un usage où la décoration de l'arbre s'adresse exclusivement au monde enfantin : dès passé l'épiphanie, les minots avaient le droit de secouer le sapin pour en faire tomber les gourmandises et les engloutir pour leur plus grand plaisir

Au 17ème siècle, certains nobles éclairent le sapin à la bougie (et on le place dans la cheminée histoire de prendre ses précaution, ça flambe vite) mais dans l'ensemble, les bougies sont plutôt l'appanage des couronnes de l'avant dont on en allume une par dimanche de l'avant, soit quatre bougies au total et pas une de plus

Des suspensions en paille tressées viennent compléter les décorations

Au 19ème, le sapin de Noël s'exporte en France avec la guerre de 1870 : "où il y a une famille alsacienne, il y a un sapin de Noël" !

Quand au progrès technique hérité de la révolution industrielle va encore compléter le choix des décorations : Chromolithographies et boules en verre font leur apparition

La peur de l'incendie recule et les bougies deviennent la rêgle sur les sapins, même si on ne les allument que sous étroite surveillance.

"history became legend, legend became smyth".... et pour la petite histoire, il se raconte qu'une année les récoltes furent si dramatiquement faible qu'il manqua jusqu'aux pommes pour décorer l'arbre de Noël. Et qu'un soufleur de verre eut la brillante idée de mettre son art au service de ces concitoyens en leur "souflant" des pommes en verre

La boule de Meisenthal était née

La fée Électricité elle aussi s'est penchée sur le sapin, les bougies ont été reléguées au grenier au profit de la lumière artificielle, plus sécurisante et se prêtant à tout les artifices

La boucle est bouclée, on est en deux milles ans, passé du paganisme de la verdure hivernale symbole de la renaissance apporté par le solstice d'hivers,  du conifère, symbole celte de l'enfantement que l'on décorait en hivers avec des gerbes de blé, à un rite populaire associant le traîneau du bonhomme en rouge et ses rênes qui parlent avec un sapin "magique" vu que c'est sous son pied que l'on trouve les cadeaux apporté par le bonhomme en rouge le 25 décembre au matin

Quand au sapin, il arbore dorénavant milles formes, miles couleurs, milles matières

Je vous invite à prendre votre bâton de pèlerin pour aller de pars vous même découvrir l'histoire du sapin de Noël, de ses décorations, de ses mutations en déambulant à travers la ville de Sélestat : de l'église St Georges en passant par Ste Foie, de la bibliothèque humaniste au caveau St Barbe en passant par le marché de Noël (et son marchand de sauciflard à l'âne, une tuerie ce machin, j'adorrrrrrrrrrre) tout un monde s'ouvrira à vous

Allez bises, moi je file au plumes, demain est un autre jour

Comments

[edith]

Bé alors tu deviens quoi? J'minquiète moi!!!!!

Tu ranges le sapin, tu finis les gâteaux, tu as encore des paquets à ouvrir?

[stim]

coucou Cath ! Noêl à Sélestat, c merveilleux ; le message passe...

Bon Noël à toi et ta grde famille. Bizz

[colettemoi]

Merci pour ce très bon documentaire ! sais tu qu'il y a une quarantaine d'années en arrière, je mettais des vraies bougies (avec les pinces comme Edith) sur le sapin !!

Tu nous en montres de très originaux toi aussi !!! j'aime bien celui en bouteilles vides !!! bonne soirée ! bises

[edith]

O Tannenbaum, O Tannenbaum, mais c'est toute mon enfance!!!!

Tu sais quoi? Nous les bougies étaient des vraies tenues par de jolies pinces argentées.

Très beau mais très risqué!!!!

Merci pour ce documentaire, très instructif!

[Fleur]

merci pour ce billet c'était bien instructif

le sapin roi des forêts est indétronable pour moi

bonnes fêtes de l'Avent Catherine