BENFELD, sa Laube, ses ruelles
La Laube, c'est le nom de l'hotel de ville de Benfeld.
Bâtiment datent de 1531, en colombage avec un ré de chaussée en pierre : les baies vitrées de formes ogivales sont à l'origines des arches gotiques ouvertes à tout vent où à l'origine se tenait le marché couvert les jours de pluie, et où le bailli rendait justice. D'où le nom de Laube, qu'on peut traduire par "pergola", si tant est si bien qu'une pergola abrite !
Au premier étage, derrière les fenêtre en vitraux, se trouvait la Herrenstube. C'était le lieu de rencontre des notables, nobles, des bourgeois, des membres du clergé qui s'y réunissaient pour débattre (soit disant) y boire (souvent) et y jouer ...
Une stub, c'est à dire salle
Salle de réunion, mais pas tout à fait une salle de corporation, vu que s'y retrouvait le gratin qui avait pouvoir de décision, mais à rapprocher quand même de nos actuelles winstub, par l'usage qui en était fait
et comme son non l'indique, uniquement réservé au Messieurs, .... enfin pour ce qui est des "clients"
Après la guerre de trente ans, l'usage de la Herrenstub disparut
et passé la révolution, c'est devenue la salle de réunion du conseil municipal
Le Jaquemart, c'est à dire l'ensemble tours + horloge, date de 1619
Il est l'oeuvre d'un ingénieur militaire du nom d'Ascagne Albertini qui termina sa carrière comme baillis, gouverneur militaire de Benfeld et seigneur d'Ichtratzheim
Jaquemart, de Jacques et martel, soit dit le Jacques au marteau, celui qui martèle l'heurre. Ben vii ! Si au moyen âge, l'usage voulait que se soit le veilleur qui sonne la cloche pour donner l'heure ou donner l'allerte, avec les progrès scientifique de la renaissance, vint l'avènement de la mécanisation avec l'apparition d'un automate qui sonne l'heurre, automate animé grâce au mécanisme de l'horloge !
Le Jaquemart de la Laube comporte en fait trois automates !
Le premier des trois, est la PRUDENTIA càd la sagesse. Une représentation portraitique du frère de l'empeureur Ferdinant II, l'archiduc Léopold d'Autriche, prince évêque de Strasbourg. Habillé façon boite de conserve, médaillon de l'ordre des chevalier teutoniques autour du cou, avec sa hallebarde et son marteau, il sonne le quart. Tout les quart d'heures.
Le service marketing de l'époque n'avait rien à envier à nos meilleures boites de pub ! Avec une telle représentation du "grand patron" de la ville sur la façade de l'hotel de ville, on ne pouvait pas le nier, l'évêque veillait au grain ! Faut savoir que la ville était une des plus anciennes possessions de l'évéché de Strasbourg !
Le second automate est la MORT, représenté en squelette ! Toutes les heures elle tourne sont sablier pour rappeler que tout passe, l'heure, le temps, la vie !
A la lucarne, le troisième automate, c'est le STUBEHANSEL sous les trait de JUSTICIA, le Schulteis (maire) qui rend la justice : toutes les heures, il ouvre la clappe et lève son bâton de prévaut (et le rebaisse) autant de fois qu'il y a d'heurres !
Entre les automates, il y a trois cadrans : au sommet, le plus petit te donne les quartiers de lunes, un peut comme sur nos calendriers : ça te sert à rien de savoir que c'est la pleine lune, sauf quand t'es sage femme, histoire de prévoir si le service sera plein ou pas... entre autre
le second, le plus grand donne l'heure de Paris
Le troisième, l'a une bonne demi heure de décalage ! C'est pas une erreur : c'est l'heure locale précisément !
Les deux cadrans donnant l'heure sont l'oeuvre de Jean-Baptiste Schwilgué, le Jean-baptiste Schwilgué de l'horloge astronomique de Strasbourg, ça y est, tu retapisse ? L'est célèbre celui là, là même donné son nom à un lycée du coup, des siècles après, mais quand même
Si déjà t'es dans Benfeld à reluquer l'hotel de ville, profites en pour faire le tours du bled le nez au vent, les ruelles du centre ville sont absolument magnifique, les constructions d'époque hallucinante : aucun mur n'est droit, pas plus qu'il n'est à l'équère ! Ils ont gratté tout les cm disponible en suivant les venelles, le mur du voisin, ... C'est empreint de charme et de poésie !